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seux, on substitua aux distributions de grains qui se faisaient tous les mois, une ration de pain que l’on délivrait tous les jours ; un grand nombre de fours furent construits et entretenus aux frais du public ; et à l’heure fixée, chaque citoyen, muni d’un billet, montait l’escalier qui avait été assigné à son quartier ou à sa division, et recevait, ou gratis ou à très-bas prix, un pain du poids de trois livres pour la subsistance de sa famille. 2o. Les forêts de la Lucanie, dont les glands servaient à engraisser du gros bétail et des porcs sauvages[1], fournissaient, en manière de tribut, une grande abondance de viande saine et à bas prix. Durant cinq mois de l’année, on faisait aux citoyens pauvres une distribution régulière de porc salé ; et la consommation annuelle de la capitale, dans un temps où elle était déjà fort déchue de son ancienne splendeur, fut fixée et assurée, par un édit de Valentinien III, à trois millions six cent

    argent la ration militaire, une pièce d’or (onze schellings) était la valeur de quatre-vingts livres de porc salé, ou de quatre-vingts livres d’huile, ou de douze modii ou mesures de sel. Cod. Théod., l. VIII, tit. 4, leg. 17. Cette évaluation, comparée à une autre de soixante-dix livres de porc salé pour une amphora (Cod. Théod., l. XIV, tit. 4, leg. 4) fixe le prix du vin environ à seize pence la bouteille.

  1. L’auteur anonyme de la Description du monde (p. 14, t. III, Geograph. minor., Hudson) observe sur la Lucanie, dans son latin barbare, regio optima, et ipsa omnibus abundans, et lardum multum foras emittit. Propter quod est in montibus, cujus æscam animalium variam, etc.