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déclarèrent coupable d’un crime capital. Le décret le dégrada du rang de préfet à celui de plébéien, et il fut ignominieusement traîné par des esclaves dans la prison publique. Après un délai de quinze jours, le sénat s’assembla une seconde fois pour prononcer sa sentence de mort ; mais tandis qu’il attendait douloureusement dans l’île d’Esculape l’expiration des trente jours accordés par une ancienne loi aux plus vils malfaiteurs[1], ses amis agirent auprès de l’empereur ; Anthemius s’adoucit, et le préfet de la Gaule en fut quitte pour l’exil et la confiscation. Les fautes d’Arvandus pouvaient mériter quelque indulgence ; mais l’impunité de Seronatus fut la honte de la justice romaine jusqu’au moment où les plaintes des peuples d’Auvergne le firent condamner et exécuter. Cet indigne ministre, le Catilina de son siècle et de son pays, était en correspondance avec les Visigoths pour trahir la province qu’il tyrannisait. Il employait toutes les ressources de son esprit à inventer chaque jour de nouvelles taxes et à découvrir d’anciens crimes ; et ses vices extravagans auraient inspiré le mépris s’ils n’avaient fait naître un sentiment de crainte et d’horreur[2].

  1. Senatus-Consultum Tiberianum, Sirmond, Not., p. 17. Mais cette loi n’admettait que dix jours entre la sentence et l’exécution ; ce fut Théodose qui ajouta les vingt autres.
  2. Catilina seculi nostri. Sidonius, l. II, epist. 1, p. 33 ; l. V, epist. 13, p. 143 ; l. VII, epist. 7, p. 185. Il parle avec horreur des crimes de Seronatus, et applaudit à sa mort,