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Arvandus lui inspirèrent moins de sagesse que de présomption, et il se conduisit dans toutes les occasions avec une si constante imprudence, qu’on doit moins s’étonner de sa chute que de ses succès. La seconde préfecture qu’il obtint cinq ans après effaça tout le mérite de sa première administration, et lui ôta toute la popularité qu’il avait acquise ; dépourvu de solidité dans le caractère, il se laissa corrompre par la flatterie et s’irrita par la contradiction. Forcé de vexer sa province pour apaiser ses propres créanciers, il offensa les nobles de la Gaule par l’insolence de sa tyrannie, et succomba sous le poids de la haine publique. Le mandat impérial qui le révoquait, lui ordonnait en même temps de se justifier devant le sénat ; et il passa la mer de Toscane avec un vent favorable, qu’il regarda follement comme le présage de son bonheur à venir. On conservait encore du respect pour le rang de préfet ; Arvandus, en arrivant à Rome, fut confié plutôt aux soins qu’à la garde de Flavius Asellus, comte des sacrées largesses, qui demeurait dans le Capitole[1]. Les députés de la Gaule, ses accusateurs, le poursuivirent vigoureusement. Ils étaient tous quatre distingués par leur naissance, leur rang et leur éloquence ; ils intentèrent une action civile

    qu’à son esprit. La prose de Sidonius, quoiqu’un peu défigurée par l’affectation et le mauvais goût, est infiniment préférable à ses insipides vers.

  1. Quand le Capitole cessa d’être un temple, on en fit la demeure des magistrats civils, et il est encore la résidence du sénateur romain. On permettait aux bijoutiers, etc., d’étaler sous les portiques leurs précieuses marchandises.