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réunies dans une multitude d’hommes qui, sous la vaine et fausse dénomination de Romains, dédaignaient leurs concitoyens et même leurs monarques, parce qu’ils n’habitaient point dans l’enceinte de la cité éternelle[1].

Distribut. publique de pain, de lard, de vin et d’huile, etc.

Cependant on prononçait encore le nom de Rome avec respect, on souffrait avec indulgence les fréquens et tumultueux caprices de ses habitans ; et les successeurs de Constantin, au lieu d’anéantir les faibles restes de la démocratie par le despotisme de la puissance militaire, adoptèrent la politique modérée d’Auguste, et s’occupèrent de soulager l’indigence et de distraire l’oisiveté du peuple de la capitale[2]. 1o. Pour la commodité des plébéiens pares-

  1. Voyez la troisième satire (60-125) de Juvénal, qui se plaint avec indignation,

    … Quamvis quota portio fæcis Achæï !
    Jampridem Syrus in Tiberim defluxit Orontes ;
    Et linguam et mores, etc.

    Sénèque tâche de consoler sa mère, en lui faisant observer que presque tous les hommes passent leur vie dans l’exil, et lui rappelle que la plupart des habitans de Rome ne sont point nés dans cette capitale. Voyez Consolat. ad Helv., c. 6.

  2. On trouve, dans le quatorzième livre du code de Théodose, presque tout ce qui a rapport au pain, au porc salé, à l’huile et au vin, etc. Il traite particulièrement de la police des grandes villes. Voyez surtout les tit. 3, 4, 15, 16, 17, 24. Il paraît inutile de transcrire les témoignages secondaires qui se trouvent dans le commentateur Godefroy. D’après une loi de Théodose, qui apprécie en