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ville, les habitans de l’Auvergne souffrirent avec intrépidité les fatigues de la guerre et les fléaux de la peste et de la famine. Les Visigoths, forcés d’abandonner le siége, renoncèrent pour le moment à cette importante conquête. La jeunesse de la province était animée par la valeur héroïque et presque incroyable d’Ecdicius, fils de l’empereur Avitus[1]. Suivi de dix-huit cavaliers, il osa sortir de la ville et attaquer l’armée des Goths ; et après avoir soutenu le combat toujours en se retirant vers la ville, ils y rentrèrent vainqueurs et sans avoir éprouvé aucune perte. Sa bienfaisance était égale à son courage : il nourrit à ses dépens quatre mille pauvres dans un temps de disette, et par son propre crédit, il parvint à lever une armée de Bourguignons pour la défense de l’Auvergne. Les sujets fidèles de la Gaule n’attendaient plus leur délivrance et leur liberté que de son courage ; et cependant ce courage même ne suffisait pas pour prévenir la ruine de son pays, puisque ses concitoyens attendaient que son exemple les déterminât à la fuite ou à la servitude[2]. La confiance publique était perdue,

    Sidonius, qui, comme sénateur et ensuite comme évêque, s’intéressait vivement au sort de son pays. Voy. l. V, ep. 1, 5, 9, etc.

  1. Sidonius, l. III, epist. 3, p. 65-68 ; saint Grégoire de Tours, l. II, c. 24, t. II, p. 174 ; Jornandès, c. 45, p. 675. Ecdicius n’était peut-être que le beau-fils d’Avitus, et né d’un premier mariage de la femme de cet empereur.
  2. Si nullæ à republicâ vires, nulla præsidia, si nullæ, quantum rumor est, Anthemii principis opes, statuit, te auctore, nobilitas seu patriam dimittere seu capillos. Sidon.,