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seric. La mort de l’empereur Majorien délivra Théodoric II des liens de la crainte et peut-être de l’honneur ; il viola le traité récemment conclu avec les Romains, et sa perfidie lui valut le vaste territoire de Narbonne, qu’il réunit à ses états. Par une politique intéressée, Ricimer l’encourageait à envahir les provinces qui obéissaient à son rival Ægidius ; mais l’activité du comte défendit Arles, remporta une victoire à Orléans, sauva la Gaule, et arrêta tant qu’il vécut les progrès des Visigoths. Leur ambition ne tarda pas à se rallumer, et le dessein d’arracher la Gaule et l’Espagne au gouvernement romain, fut conçu et presque entièrement exécuté sous le règne d’Euric, qui assassina son frère Théodoric, et déploya avec plus de férocité de très-grands talens politiques et militaires. Il passa les Pyrénées à la tête d’une armée nombreuse, soumit les villes de Saragosse et de Pampelune, vainquit en bataille rangée la noblesse de la province Tarragonaise, porta ses armes victorieuses jusqu’au cœur de la Lusitanie, et accorda aux Suèves la possession tranquille de la Galice, sous l’autorité de la monarchie des Goths d’Espagne[1]. Ce fut avec non moins de vigueur qu’Euric tourna ses entreprises vers la Gaule ; et depuis les Pyrénées jusqu’au Rhône et à la Loire, l’Auvergne et le Berri furent les seuls diocèses qui refusassent de le reconnaître pour maître[2]. Dans la défense de Clermont, leur principale

  1. Voyez Mariana, Hist. Hispan., t. I, l. V, c. 5, p. 162.
  2. On trouve un tableau imparfait, mais original, de l’état de la Gaule, de principalement de l’Auvergne, dans