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furent pour la plupart pris ou tués par les Vandales victorieux. Au milieu des événemens de cette nuit désastreuse, Jean, l’un des principaux officiers de Basiliscus, a su, par son courage héroïque ou plutôt désespéré, préserver son nom de l’oubli. Lorsque le vaisseau qu’il avait courageusement défendu fut presque consumé par les flammes, il se refusa dédaigneusement aux instances de Genso, fils de Genseric, qui, plein d’estime et de compassion pour lui, le pressait honorablement de se rendre ; et se précipitant tout armé dans la mer, ses derniers mots furent qu’il ne voulait pas tomber vivant dans les mains de ces misérables impies. Mais Basiliscus qui, fort éloigné d’un semblable courage, avait choisi son poste très-loin du danger, prit honteusement la fuite dès le commencement du combat, retourna précipitamment à Constantinople après avoir perdu la moitié de sa flotte et de son armée, et mit sa tête coupable à l’abri du sanctuaire de sainte Sophie, où il attendit que sa sœur eût obtenu, par ses prières et ses larmes, le pardon de l’empereur indigné. Héraclius fit sa retraite à travers le désert ; Marcellin se retira en Sicile, où peut-être, à l’instigation de Ricimer, il fut assassiné par un de ses propres officiers ; et le roi des Vandales apprit avec autant de surprise que de satisfaction, que les Romains s’empressaient eux-mêmes à le débarrasser de ses plus formidables adversaires[1]. Après le mauvais succès de cette grande

  1. Damascius, in vit. Isidor. apud Phot., p. 1048. En comparant les trois courtes chroniques de ces temps, il