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qu’elle a produite sur l’ennemi. Le courage et la santé des soldats déclinent sous un climat étranger, leur ardeur se ralentit, et les forces de terre et de mer, rassemblées par un effort pénible et peut-être impossible à répéter, se consument inutilement. Chaque instant perdu en négociations accoutume l’ennemi à contempler de sang-froid ce que ses premières terreurs lui avaient peint comme irrésistible. La flotte de Basiliscus vogua sans accident du Bosphore de Thrace à la côte d’Afrique. Il débarqua ses troupes au cap Bone ou promontoire de Mercure, environ à quarante milles de Carthage[1]. L’armée d’Héraclius et la flotte de Marcellin joignirent ou secondèrent le général de l’empereur, et les Vandales furent vaincus partout où ils voulurent les arrêter, soit par terre, soit par mer[2]. Si Basiliscus eût saisi le moment de la consternation pour avancer promptement vers la capitale, Carthage se serait nécessairement rendue, et le royaume des Vandales était anéanti. Genseric considéra le danger en homme de courage, et l’éluda avec son adresse ordinaire. Il

  1. Ce promontoire est à quarante milles de Carthage (Procope, l. I, c. 6, p. 192), et à vingt lieues de la Sicile (Voyages de Shaw, p. 89.) Scipion aborda plus avant dans la baie au promontoire Blanc. Voyez la Description de Tite-Live, XXIX, 26, 27.
  2. Théophane (p. 100) affirme que plusieurs vaisseaux des Vandales coulèrent bas. On doit entendre dans un sens très-modifié le témoignage de Jornandès lorsqu’il assure que Basiliscus attaqua Carthage. Jornandès, De Success. regn.