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et peut-être son caractère le détournèrent de s’exposer personnellement aux fatigues et aux dangers de la guerre d’Afrique ; mais il se servit avec vigueur de toutes les ressources de l’empire d’Orient pour délivrer l’Italie et la Méditerranée de la tyrannie des Vandales ; et Genseric, qui ravageait depuis long-temps l’une et l’autre, se vit à son tour menacé d’une invasion formidable. Le préfet Héraclius ouvrit la campagne par une entreprise hardie et qui eut un plein succès[1]. Les troupes de l’Égypte, de la Thébaïde et de la Libye s’embarquèrent sous ses ordres ; et les Arabes, avec le secours d’un grand nombre de chevaux et de chameaux, ouvrirent les routes du désert. Héraclius débarqua à Tripoli, surprit et soumit les villes de cette province, et entreprit[2], par une marche pénible, ce qu’avait autre-

    Tel est le ton de dignité que prend Léon ; et Anthemius le nomme respectueusement Dominus et pater meus princeps sacratissimus Leo. (Voyez Novell. Anthem., tit. 2, 3, p. 38, ad calcem cod. Theod.)

  1. L’expédition d’Héraclius est obscurcie d’un grand nombre de difficultés (Tillemont, Hist. des emper., t. VI, p. 640) ; et il faut user avec circonspection des circonstances fournies par Théophane, pour ne pas contrarier l’autorité plus respectable de Procope.
  2. La marche de Caton depuis Bérénice, dans la province de Cyrène, était beaucoup plus longue que celle d’Héraclius depuis Tripoli. Il traversa les sables du désert en trente jours de marche, et il fallut s’approvisionner en outre des munitions ordinaires, d’un grand nombre d’outres pleines d’eau, et de plusieurs psylli, à qui on supposait l’art de guérir, en les suçant, les blessures des serpens de