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traire à l’opinion[1]. L’indifférence ou la faveur d’Anthemius ranimait jusqu’à l’espoir du faible reste des païens ; ils attribuèrent à un dessein secret de rétablir l’ancien culte[2], l’amitié singulière dont il honorait le philosophe Sévère, qu’il revêtit de la dignité de consul. Les idoles renversées traînaient dans la poussière, et la mythologie, si respectée des anciens, était devenue si méprisable, que les poètes chrétiens pouvaient s’en servir sans causer de scandale et sans se rendre suspects[3]. Il restait cependant quelques vestiges de superstition, et l’on célébrait encore sous le règne d’Anthemius la fête des Lupercales, dont l’origine était antérieure à la fondation de Rome. Les cérémonies simples et sauvages

  1. Papa Hilarius… apud beatum Petrum apostolum palam ne id fieret, clarâ voce constrinxit, in tantum ut non ea facienda cum interpositione juramenti, idem promitteret imperator. Gelas., epist. ad Andronic. apud Baron. A. D. 467, no 3. Le cardinal observe avec complaisance qu’il était beaucoup plus difficile d’introduire une hérésie à Rome qu’à Constantinople.
  2. Damascius, dans la Vie du philosophe Isidore, apud Photium, p. 1049. Damascius, qui vivait sous le règne de Justinien, composa un autre ouvrage de cinq cent soixante-dix histoires extraordinaires d’âmes, de démons et d’apparitions, etc., rêveries du paganisme platonicien.
  3. Dans les Œuvres poétiques de Sidonius, qu’il condamna dans la suite (l. IX, epist. 16, p. 285), les principaux acteurs sont des divinités fabuleuses. Si les anges fustigèrent sévèrement saint Jérôme pour avoir lu Virgile, cette imitation servile devait valoir de plus, à l’évêque de Clermont, une correction semblable de la part des Muses.