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avait arrachée lorsqu’il était son captif[1]. La mort de Marcien arrivée après un règne de sept années aurait exposé l’empire au danger d’une élection populaire, si l’autorité d’une seule famille n’eût pas suffi pour placer sur le trône le candidat dont elle soutenait les prétentions. Le patrice Aspar se serait facilement emparé du diadème, s’il eût voulu accepter publiquement la foi de Nicée[2]. Depuis trois générations, son père, lui et son fils Ardaburius, commandaient les armées de l’Orient ; sa nombreuse garde de Barbares tenait en respect le palais et la capitale, et les immenses trésors qu’il répandait avec profusion, égalaient sa popularité à sa puissance. Il présenta un homme obscur, Léon de Thrace, tribun militaire et le principal intendant de sa maison, et le sénat ratifia cette nomination par ses suffrages unanimes. Le domestique d’Aspar reçut la couronne impériale des mains du patriarche ou évêque, à qui l’on permit d’annoncer la protection divine par cette cérémonie inusitée[3]. Le titre de grand par lequel l’empereur Léon fut distingué de ceux qui portèrent après lui le même nom, prouve que les princes qui

  1. Voyez Procope, De bell. Vandal., l. I, c. 4, p. 185.
  2. On peut inférer de l’obstacle qui empêcha Aspar de monter sur le trône, que la tache d’hérésie était perpétuelle et indélébile, tandis que celle de barbarie disparaissait à la seconde génération.
  3. Théophane, p. 95. Cette cérémonie semble avoir été l’origine de celle que tous les princes chrétiens ont adoptée depuis, et de laquelle le clergé a tiré de si dangereuses conséquences.