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vrir cette crédulité chez des sceptiques impies, qui osent nier ou révoquer en doute l’existence d’un pouvoir céleste. »

Dans les villes très-peuplées, où fleurissent le commerce et les manufactures, les habitans de la classe mitoyenne, qui tirent leur subsistance du travail ou de l’adresse de leurs mains, et se produisent en plus grand nombre que les autres, sont les plus utiles, et en ce sens les plus respectables de la société civile ; mais les plébéiens de Rome, qui dédaignaient les arts serviles et sédentaires, avaient été écrasés, dès les premiers temps de la république, sous le poids des dettes et de l’usure, et le laboureur était forcé d’abandonner ses cultures durant le terme de son service militaire[1]. Les terres de l’Italie, originairement partagées entre plusieurs familles de propriétaires libres et indigens, passèrent insensiblement dans les mains avides de la noblesse romaine, qui tantôt les achetait et tantôt les usurpait. Dans le siècle qui précéda la destruction de la république, on ne comptait que deux mille citoyens qui possédassent une fortune indépendante[2]. Cepen-

  1. L’histoire de Tite-Live (voyez particulièrement VI, 36) parle sans cesse des extorsions des riches et de la misère des débiteurs indigens. La triste histoire d’un brave et vieux soldat (Denys d’Halycarnasse, l. VI, c. 26, p. 347, édit. Hudson ; et Tite-Live, II, 23) doit s’être répétée fréquemment dans ces premiers temps, dont on a fait mal à propos l’éloge.
  2. Non esse in civitate duo millia hominum qui rem ha-