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ple, les Vandales et les Alains se dégoûtèrent bientôt d’un genre de guerre pénible et dangereux. La robuste génération des conquérans de Carthage était presque entièrement éteinte ; les fils de ces guerriers, nés en Afrique, jouissaient paisiblement des bains et des jardins délicieux acquis par les exploits de leurs pères ; ils furent aisément remplacés dans les armées par une multitude de Maures et de Romains, soit captifs, soit proscrits ; et ces furieux, qui avaient commencé par violer les lois de leur pays, étaient les plus ardens à se livrer à ces horreurs, qui déshonorèrent les victoires de Genseric. Il épargnait quelquefois ses malheureux captifs par un sentiment d’avarice, et il les sacrifiait dans d’autres occasions au plaisir de satisfaire sa cruauté ; et l’indignation publique a reproché à sa dernière postérité le massacre de cinq cents citoyens nobles de Zante ou Zacynthus, dont il fit jeter les corps mutilés dans la mer Ionienne.

Négociations avec l’Empire d’Orient. A. D. 462, etc.

Aucun prétexte n’autorisait de semblables crimes ; mais la guerre que Genseric entreprit bientôt contre l’empire, pouvait être justifiée par des motifs spécieux et même raisonnables. La veuve de Valentinien, Eudoxie, entraînée captive de Rome à Carthage, était seule héritière de la maison de Théodose. Le monarque des Vandales contraignit Eudoxie, fille aînée de l’impératrice, d’épouser son fils Huneric, et aussitôt, appuyé d’un titre légal, il exigea impérieusement qu’on remît à la femme de son fils la part qui lui revenait dans la succession de l’empire. Il