Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/402

Cette page a été validée par deux contributeurs.

descente sur toute la côte d’Afrique : mais la perfidie de quelques sujets puissans, envieux ou effrayés des succès de leur maître, délivra Genseric du danger. Par le moyen de cette intelligence, il surprit la flotte dans la baie de Carthagène ; une partie des vaisseaux furent pris, coulés à fond ou brûlés ; et un seul jour vit détruire les travaux de trois années[1]. Après cet événement, les deux rivaux se montrèrent supérieurs à leur fortune. Le Vandale, au lieu de s’enorgueillir d’une victoire accidentelle, renouvela ses propositions de paix. L’empereur d’Occident, capable de former de vastes desseins et de supporter de grands revers, consentit à un traité ou plutôt à une suspension d’armes, convaincu qu’avant d’avoir pu rétablir sa flotte, il ne manquerait pas d’un sujet légitime pour justifier une seconde guerre. Majorien retourna en Italie s’occuper du bonheur de ses sujets ; et, fort du sentiment de sa conscience, il ignora long-temps sans doute la criminelle conspiration qui menaçait son trône et sa vie. L’événement de Carthage ternissait une gloire dont l’éclat avait frappé les yeux de la multitude ; presque tous les officiers, soit civils ou militaires, étaient irrités contre le réformateur des abus qui leur étaient personnellement avanta-

    au moins quatre cents boisseaux de blé. Voyages de Shaw, p. 139.

  1. Idatius, qui était dans la Galice, à l’abri du pouvoir de Ricimer, déclare avec franchise et hardiesse, Vandali per proditores admoniti, etc. Il ne nomme cependant pas l’auteur de la trahison.