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à pied et entièrement couvert de son armure ; il sondait avec un bâton la profondeur de la glace ou de la neige, et encourageait les Scythes, qui se plaignaient de l’excès du froid, en leur promettant avec gaîté qu’ils seraient contens de la chaleur de l’Afrique. Les citoyens de Lyon osèrent fermer leurs portes ; mais ils implorèrent bientôt et éprouvèrent la clémence de Majorien. Après avoir remporté une victoire sur Théodoric, il accepta l’alliance et l’amitié d’un roi dont il estimait la valeur, la force et la persuasion concoururent utilement à réunir pour un moment la plus grande partie de l’Espagne et de la Gaule ; et les Bagaudes indépendans, qui avaient échappé ou résisté à la tyrannie des règnes précédens, cédèrent avec confiance aux vertus de Majorien[1]. Son camp était rempli d’alliés barbares : le zèle et l’amour des peuples mettaient son trône en sûreté ; mais l’empereur avait prévu qu’il était impossible d’entreprendre la conquête de l’Afrique sans une force maritime. Dans la première guerre contre les Carthaginois, la république fit des efforts si incroyables, que soixante jours après le premier coup de hache donné au premier arbre de la forêt, une flotte de cent soixante galères se déployait fièrement dans

  1. Τα μεν οπλοις, τα δε λογοις. Telle est la distinction aussi juste que frappante établie par Priscus (Excerpt. leg., p. 42) dans un fragment qui jette beaucoup de lumière sur la vie de Majorien. Jornandès supprime la défaite de l’alliance des Visigoths, qui furent publiées dans la Galice, et sont relatées dans la Chronique d’Idatius.