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ancien édifice ; condamna à une amende de cinquante livres d’or, ou environ deux mille livres sterling, tout magistrat qui, au mépris des lois et de la décence, prendrait sur lui d’en accorder la permission, et menaça de punir la complicité des officiers inférieurs par le châtiment du fouet et l’amputation des deux mains. On trouvera peut-être qu’entre le crime et cette dernière peine, le législateur n’observa point de proportion ; mais son zèle partait d’un sentiment généreux, et Majorien avait à cœur de protéger les monumens des siècles dans lesquels il aurait désiré et mérité de vivre. L’empereur sentit qu’il était de son intérêt de multiplier le nombre de ses sujets, et que son devoir lui prescrivait de conserver la pureté du lit nuptial ; mais il employa, pour y réussir, des moyens douteux, et peut-être condamnables ; on défendit aux vierges qui consacraient à Dieu leur virginité, de prendre le voile avant l’âge de quarante ans. Les veuves, au-dessous de cet âge, furent forcées de contracter un second mariage dans le terme de cinq ans, sous peine d’abandonner à leur plus proche héritier, ou à l’état, la moitié de leur fortune ; on condamna et l’on annulla même les mariages d’âges disproportionnés. La confiscation et l’exil parurent trop faibles pour punir les adultères, et d’après une déclaration expresse de Majorien, si le coupable rentrait en Italie, on pouvait le tuer sans que le meurtrier fut exposé à aucune recherche[1].

  1. L’empereur réprimande Rogatien, consulaire de Toscane, et le blâme de sa douceur d’un ton d’aigreur qui