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tice reprendra son ancienne vigueur, et que la vertu redeviendra, non-seulement innocente, mais méritoire. Que personne ne craigne les délations[1], si ce n’est leurs auteurs ; comme citoyen je les ai toujours condamnées, comme souverain, je les punirai avec sévérité. Notre vigilance et celle de notre père, le patrice Ricimer, régleront les opérations militaires, et pourvoiront à la sûreté du monde romain, que nous avons défendu contre ses ennemis étrangers et domestiques[2]. Telles sont les maximes de mon gouvernement ; et vous pouvez compter sur l’attachement solide et sincère d’un prince naguère le compagnon de vos dangers, qui se glorifiera toujours du nom de sénateur, et désire vivement que vous ne vous repentiez jamais du décret que vous avez prononcé en sa faveur[3]. L’empereur qui, sur les débris du monde romain, rappelait l’ancien lan-

  1. On pourrait lire dilationes comme delationes ; mais ce dernier offrant un sens plus satisfaisant, je lui ai donné la préférence.
  2. Ab externo hoste et à domesticâ clade liberavimus. Par la dernière, Majorien ne peut entendre que la tyrannie d’Avitus, dont il avouait conséquemment la mort comme une action méritoire. À cette occasion Sidonius est obscur et embarrassé. Il parle des douze Césars, des nations de l’Afrique, etc., pour éviter de prononcer le nom d’Avitus, 305, 369.
  3. Voyez l’édit entier ou l’épître de Majorien au sénat. Novell., tit. IV, p. 34. Cependant les mots regnum nostrum portent un peu l’empreinte du siècle, et ne cadrent pas trop bien avec celui de respublica, qu’il répète souvent.