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Romains dont Majorien venait de solliciter les suffrages en remportant une victoire complète sur les Allemands[1]. Il reçut la pourpre à Ravenne, et sa lettre adressée au sénat peut nous donner une idée de ses sentimens et de sa situation. « Votre choix, pères conscrits, et la volonté de la plus vaillante armée m’ont fait votre empereur[2] : puisse la toute-puissance de la Divinité diriger les entreprises et les événemens de mon administration à votre avantage et à celui du public ! Quant à moi, je n’ai point sollicité le trône, mais je me suis soumis à y monter, et j’aurais manqué aux devoirs de citoyen, si, par une lâche et honteuse ingratitude, je m’étais refusé à cette tâche que m’impose la république. Ainsi donc, aidez le prince que vous avez élevé, partagez les devoirs que vous l’obligez à remplir, et puissent nos efforts réunis faire le bonheur d’un empire que je reçois de vos mains ! Soyez sûrs qu’à l’avenir la jus-

  1. Les Allemands avaient passé les Alpes Rhétiennes, et furent défaits dans les Campi Canini, ou vallée de Bellinzone, dans laquelle coule le Tésin en descendant du mont Adule ou Saint-Gothard, dans le lac Majeur. Cluvier, Italia antiq., t. I, p. 100, 101. Cette victoire tant vantée, remportée sur neuf cents Barbares (Panégyr. de Majorien, 373), prouve l’extrême faiblesse de l’Italie.
  2. Imperatorem me factum, P. C. electionis vestræ arbitrio, et fortissimo exercitûs ordinatione agnoscite. Novell., Majorian. tit. III, p. 34. Ad calcem cod. Theodos. Sidonius proclame le vœu unanime de l’empire.

    … Postquam ordine vobis
    Ordo omnis regnum dederat ; plebs, curia, miles
    Et collega simul…    386.