Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/387

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naître quelquefois dans les siècles corrompus pour rétablir l’honneur de l’espèce humaine. L’empereur Majorien a mérité les louanges de ses contemporains et celles de la postérité, et nous les trouvons exprimées d’une manière énergique et concise par un historien judicieux et impartial. « Adoré de ses sujets et redouté de ses ennemis, il a surpassé dans toutes les vertus, tous les princes qui ont régné avant lui sur les Romains[1]. » Cet éloge peut du moins justifier le panégyrique de Sidonius ; et il paraît constant que si le complaisant orateur était capable de flatter avec le même dévouement le monarque le plus méprisable, le mérite de celui-ci l’a contraint de se renfermer dans les bornes de la vérité[2]. Majorien tirait son nom de son grand-père maternel, qui, sous le règne de Théodose-le-Grand, avait com-

  1. Les termes de Procope méritent d’être transcrits : Ουτος γαρ ο Μαιορινος ξυμπαντας το‌υς ϖωποτε Ρωμαιων βεβασιλευκοτας υπεραιρων αρετη πασε ;
    Et plus bas :
    Ανηρ τα μεν εις το‌υς υπηκοο‌υς μετριος γεγονως, φοβερος δε τα ες το‌υς πολεμιους. (De bell, Vandal., l. I, c. 7, 194) ; définition concise mais complète de la vertu d’un roi.
  2. Ce panégyrique fut prononcé à Lyon avant la fin de l’année 458, tandis que l’empereur était encore consul. On y trouve plus d’art que de génie, et plus de travail que d’art. Les ornemens sont ou faux ou de mauvais goût, l’expression est faible et prolixe, et Sidonius manquait d’intelligence pour fixer habilement l’attention sur son principal personnage. La vie privée de Majorien est renfermée dans deux cents vers, 107-305.