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taine et le passage des Vandales en Afrique, les Suèves qui s’étaient fixés dans la Galice, aspirèrent à la conquête de l’Espagne, et menaçaient d’anéantir les faibles restes de la domination romaine. Les habitans de Tarragone et de Carthagène, désolés par une invasion, représentèrent leurs craintes et leurs souffrances. Le comte Fronto s’y rendit au nom de l’empereur Avitus, et fit des offres avantageuses de paix et d’alliance. Théodoric interposa sa médiation, déclara que si son beau-frère, le roi des Suèves, ne se retirait pas sans délai, il se verrait contraint d’armer en faveur de Rome et de la justice. « Dites-lui, répondit l’orgueilleux Rechiarius, que je méprise ses armes et son amitié, et que j’éprouverai bientôt s’il a le courage d’attendre mon arrivée sous les murs de Toulouse. » Ce défi décida Théodoric à prévenir les desseins de son audacieux ennemi : il passa les Pyrénées à la tête des Visigoths. Les Francs et les Bourguignons suivirent ses étendards ; et quoiqu’il se déclarât le fidèle serviteur d’Avitus, le prince barbare stipula secrètement qu’il conserverait pour lui et pour ses successeurs la possession absolue de ses conquêtes d’Espagne. Les deux armées, ou plutôt les deux nations, parurent en présence l’une de l’autre sur les bords de la rivière Urbicus, environ à douze milles d’Astorga, et la victoire décisive des Goths parut quelque temps avoir anéanti la puissance et le nom des Suèves. Du champ de bataille Théodoric s’avança à Braga, leur capitale, qui conservait encore une partie de son commerce et de sa magni-