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doric, accompagné d’un très-petit nombre de ses domestiques, se rend avant le jour dans la chapelle de son palais, desservie par le clergé arien ; mais ceux qui prétendent pénétrer ses véritables sentimens ne considèrent cette assiduité de dévotion que comme un effet de l’habitude et de la politique. L’administration de son royaume occupe le reste de sa matinée. Son siège est environné de quelques officiers militaires remarquables par la décence de leur conduite et de leur maintien. La troupe bruyante des Barbares qui composent sa garde remplit la salle d’audience, mais ne peut pénétrer dans l’enceinte des voiles ou rideaux qui dérobent aux yeux de la multitude la chambre du conseil. On introduit successivement les ambassadeurs étrangers. Théodoric écoute avec attention, répond en peu de mots, et, selon la nature des affaires, le monarque annonce ou diffère sa dernière résolution. À la seconde heure (environ huit heures), il quitte son trône pour aller visiter son trésor ou ses écuries. Lorsqu’il part pour la chasse ou pour se promener à cheval, un de ses jeunes favoris porte son arc ; mais dès que la chasse commence, Théodoric le tend lui-même, et manque rarement le but où il a visé. Comme roi, il dédaigne de porter les armes dans une guerre si peu honorable, mais comme soldat il rougirait d’accepter un service militaire qu’il peut exécuter. Dans les jours ordinaires, ses repas ne diffèrent point de ceux d’un simple citoyen ; mais tous les samedis il invite à sa table un grand nombre d’honorables convives, et