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soigneusement transporter sur ses vaisseaux tout ce qui resta de richesses publiques et de celles des particuliers, des trésors de l’Église et de ceux de l’état. Parmi les dépouilles, les ornemens précieux de deux temples ou plutôt de deux religions, offrirent un exemple mémorable de la vicissitude des choses humaines et divines. Depuis l’abolition du paganisme, le Capitole profane avait été abandonné, mais on respectait encore les statues des dieux et des héros, et la magnifique voûte de bronze doré attendait les mains avides de Genseric[1]. Les instrumens sacrés du culte des Juifs[2], la table d’or, le chandelier d’or à sept branches, originairement construits d’après les instructions de Dieu lui-même, et qui étaient placés dans le sanctuaire de son temple, avaient été offerts avec ostentation en spectacle aux Romains

  1. La profusion de Catulus, qui dora le premier le toit du Capitole, ne fut pas généralement approuvée (Pline, Hist. nat., XXXIII,18). Mais un empereur la surpassa, et la dorure extérieure du temple coûta à Domitien douze mille talens (deux millions quatre cent mille livres sterling). Les expressions de Claudien et de Rutilius, Luce metalli æmula… fastigia astris, et confunduntque vagos delubra micantia visus, prouvent évidemment que cette magnifique couverture ne fut enlevée ni par les chrétiens ni par les Goths. (Voyez Donat, Roma antiqua, l. II, c. 6, p. 125). Il paraît assez probable que le toit doré était orné de statues dorées et de chars attelés de quatre chevaux également dorés.
  2. Le lecteur curieux peut consulter le savant traité d’Adrien Reland, De Spoliis templi Hierosolymitani in arcu Titiano Romæ conspicuis, in-12, Trajecti ad Rhenum, 1716.