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de Constantinople était entre les mains d’un étranger. Tournant ses regards vers Carthage, elle engagea secrètement le roi des Vandales à profiter d’une si belle occasion pour déguiser ses desseins sous les noms de la pitié, de l’honneur et de la justice[1]. Quelque intelligence que Maxime eût montrée dans des emplois subordonnés, il en manqua pour l’administration d’un empire ; et quoiqu’il pût être aisément instruit des préparatifs qui se faisaient sur la côte d’Afrique, le faible empereur attendit dans l’inaction l’approche de l’ennemi, sans adopter aucun plan de défense, de négociation ou de retraite. Lorsque Genseric débarqua à l’embouchure du Tibre, les clameurs d’un peuple épouvanté tirèrent Maxime de sa honteuse léthargie. La terreur ne lui présenta pour ressource qu’une fuite précipitée, et il engagea les sénateurs à imiter l’exemple de leur souverain ; mais dès qu’il parut dans la rue, il fut assailli d’une grêle de pierres. Un soldat romain ou bourguignon prétendit à l’honneur de l’avoir frappé le premier. Son corps déchiré fut jeté dans le Tibre. Le peuple romain se félicita d’avoir puni l’auteur des calamités

  1. Malgré le témoignage de Procope, Evagrius, Idatius, Marcellin, etc. ; le savant Muratori (Annal. d’Italia) doute de la réalité de cette invitation. Non si può dir quanto sia facile il popolo a sognare e spacciar voci false. Mais son argument de l’intervalle du temps et du lieu est extrêmement faible. Les figues qui croissaient près de Carthage furent présentées au sénat trois jours après avoir été cueillies.