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se fit conduire dans sa litière au palais impérial. Les émissaires de son impétueux amant l’introduisirent dans une chambre écartée, où Valentinien viola sans remords les lois de l’hospitalité. À son retour, sa profonde douleur et les reproches amers dont elle accablait son mari, qu’elle regardait comme complice de son propre déshonneur, enflammèrent Maxime du désir d’une juste vengeance ; et à ce désir de vengeance vinrent se joindre les espérances de l’ambition. Maxime pouvait raisonnablement se flatter que les suffrages du peuple et du sénat l’élèveraient sur le trône de son odieux et méprisable rival. Valentinien, qui, jugeant d’après son cœur, ne croyait ni à l’amitié ni à la reconnaissance, avait imprudemment reçu parmi ses gardes des domestiques et des soldats d’Ætius. Deux d’entre eux, Barbares de naissance, se laissèrent aisément persuader qu’ils rempliraient un devoir honorable et sacré en ôtant la vie à l’assassin de leur ancien maître, et leur intrépidité ne leur permit pas de chercher long-temps une occasion favorable. Tandis que Valentinien s’amusait dans le champ de Mars, du spectacle de quelques jeux militaires, ils s’élancèrent sur lui, l’épée à la main, [Mort de Valentinien et de l’eunuque Héraclius. A. D. 455. 16 mars.]immolèrent le coupable Héraclius, et percèrent l’empereur lui-même sans rencontrer aucune opposition de la part de sa nombreuse suite qui semblait plutôt applaudir à la mort du tyran. Tel fut le sort de Valentinien III[1], le dernier em-

  1. Relativement à la cause et aux circonstances de la mort d’Ætius et de Valentinien, nous n’avons que des ren-