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Valentinien viole la femme de Maxime.

Le luxe de Rome semble avoir attiré à cette ville de longues et fréquentes visites de Valentinien, que l’on méprisait par cette raison plus à Rome qu’en aucun autre endroit de ses états. Les sénateurs, dont l’autorité et même les secours devenaient nécessaires au soutien d’un gouvernement faible, avaient repris insensiblement l’esprit républicain ; les manières impérieuses d’un monarque héréditaire offensaient leur vanité, et les plaisirs de Valentinien troublaient la paix et blessaient l’honneur des familles les plus distinguées. La naissance de l’impératrice Eudoxie était égale à celle de son mari ; sa tendresse et ses charmes méritaient de recevoir les preuves d’amour que l’inconstance de l’empereur offrait chaque jour à quelque nouvelle beauté. Pétrone-Maxime, riche sénateur de la famille Anicienne, qui avait été deux fois consul, possédait une femme belle et vertueuse. Sa résistance soutenue ne servit qu’à irriter les désirs de Valentinien, qui résolut de les satisfaire par force ou par stratagème. Un jeu excessif était un des vices de la cour. L’empereur, par hasard ou par quelque artifice, avait gagné une somme considérable à Maxime, et avec peu de délicatesse il avait exigé qu’il lui remît son anneau pour sûreté de la dette ; il l’envoya à la femme de Maxime par un messager de confiance, lui faisant ordonner de la part de son mari de se rendre sur-le-champ auprès de l’impératrice. N’ayant aucun soupçon de la supercherie, elle

    ou disgracié Avitus et Majorien, dont Sidonius a fait successivement les héros de ses chants.