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le cœur de la petite Scythie. Ils y furent bientôt accablés par une multitude de Barbares qui suivirent le chemin qu’avaient découvert leurs ancêtres. Les Geougen ou Avares, que les écrivains grecs placent sur les côtes de l’Océan, chassèrent devant eux les tribus voisines ; et enfin les Igours du Nord, sortant des régions glacées de la Sibérie, qui produisent les plus précieuses fourrures, se répandirent dans le désert jusqu’au Boristhène et à la mer Caspienne, et détruisirent totalement l’empire des Huns[1].

Valentinien assassine le patrice Ætius. A. D. 454.

Cette révolution put contribuer à la sûreté de l’empire d’Orient, dont le monarque avait su se concilier l’amitié des Barbares sans se rendre indigne de leur estime ; mais en Occident le faible Valentinien, parvenu à sa trente-cinquième année sans avoir atteint l’âge de la raison ou du courage, abusa de sa tranquillité apparente pour saper les fondemens de son trône en assassinant de sa propre main le patrice Ætius. Il haïssait, par un instinct de basse jalousie, le héros qu’on célébrait universellement comme la terreur des Barbares et le soutien de l’empire, et l’eunuque Héraclius, son nouveau favori, tira l’empereur d’une léthargie qui, durant la vie de l’impératrice, pouvait se déguiser sous le nom de respect

  1. Deux historiens modernes ont jeté de nouvelles lumières sur la ruine et la division de l’empire d’Attila. M. du Buat (t. VIII, p. 3-31, 68-94), par ses recherches exactes et laborieuses, et M. de Guignes, par son extraordinaire connaissance de la langue et des auteurs chinois. (Voyez l’Hist. des Huns, t. II, p. 315-319.)