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Destruction de l’empire d’Attila.

La révolution qui détruisit l’empire des Huns assura la gloire du monarque, qui seul avait pu soutenir un édifice si vaste et si peu solidement assemblé. Après sa mort, ses chefs les plus braves aspirèrent au rang de souverains, les rois les plus puissans parmi ceux qui lui étaient soumis voulurent jouir de l’indépendance, et les fils de tant de mères différentes se partagèrent et se disputèrent comme un héritage particulier le commandement des nations de la Scythie et de la Germanie. L’audacieux Ardaric sentit et représenta la honte de ce partage. Les Gépides, ses sujets, et les Ostrogoths, sous la conduite de trois frères intrépides, encouragèrent leurs alliés à soutenir les droits de la liberté de leur couronne. On vit, soit pour se soutenir, soit pour se combattre, se rassembler sur les bords de la rivière de Netad en Pannonie, les lances des Gépides, les épées des Goths, les traits des Huns, l’infanterie des Suèves, les armes légères des Hérules, et les glaives pesans des Alains. La bataille fut sanglante et décisive, et la victoire d’Ardaric coûta trente mille hommes à ses adversaires. Ellac, l’aîné des fils d’Attila, perdit sa couronne et la vie à la bataille de Netad. Sa précoce valeur l’avait déjà placé sur le trône des Acatzires, peuple de Scythie qu’il avait subjugué, et Attila, sensible à la supériorité du mérite, aurait envié la mort de son fils Ellac[1]. Son

  1. Voyez Jornan., De rebus geticis, c. 50, p. 685, 686, 687, 688. Sa distinction des armes nationales est curieuse et importante. Nam ibi admirandum reor fuisse specta-