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mariage dans le palais du village royal situé au-delà du Danube, par toutes les fêtes usitées chez les Huns, le monarque, accablé de vin et de sommeil, quitta fort tard les plaisirs de la table pour se livrer à ceux de l’amour. Dans la crainte de les troubler ou d’interrompre son repos, ses domestiques n’osaient entrer le lendemain dans son appartement ; mais la plus grande partie du jour s’étant passée sans que ceux qui attendaient à sa porte entendissent le moindre bruit, l’inquiétude l’emporta sur le respect ; leurs cris répétés n’ayant pas réussi à éveiller le monarque, ils se précipitèrent dans la chambre de leur maître ; et trouvèrent sa nouvelle épouse assise tremblante à côté du lit, le visage couvert de son voile, déplorant le danger de sa propre situation et la perte d’Attila. Une de ses artères s’était rompue pendant la nuit, et se trouvant couché, il avait été suffoqué par le sang qui, au lieu de s’échapper par les narines, avait regorgé dans les poumons et l’estomac[1]. On exposa son corps au milieu de la plaine, sous un pavillon de soie, et des escadrons de Huns en firent plusieurs

    leur beauté ; et la matrone surannée arrange sans murmurer le lit destiné à sa jeune rivale : mais parmi les princes, les fils nés des filles de khans ont le premier droit à la succession de leur père. (Voyez l’Histoire généalogique, p. 406, 407, 408.)

  1. La nouvelle de son crime passa bientôt jusqu’à Constantinople, où on lui donna un nom fort différent, et Marcellin observe que l’usurpateur de l’Europe périt dans la nuit par la main et par le couteau d’une femme. Corneille, qui a suivi dans sa tragédie la vérité de l’histoire, décrit