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Attila fait la paix avec les Romains.

Les Italiens, qui avaient renoncé depuis long-temps au métier des armes, apprirent avec terreur, après quarante ans de paix, l’approche d’un Barbare formidable, qu’ils abhorraient comme l’ennemi de leur pays et de leur religion. Au milieu de la consternation générale, le seul Ætius demeurait inaccessible à la crainte ; mais, malgré sa valeur et ses talens, Ætius, seul et sans secours, ne pouvait exécuter aucun exploit digne de sa réputation. Les Barbares qui avaient défendu la Gaule, refusaient obstinément de marcher à la défense de l’Italie, et les secours promis par l’empereur d’Orient étaient éloignés et peu certains. Le patrice, à la tête des troupes domestiques attachées à son service particulier, fatiguant et retardant sans cesse la marche d’Attila, ne se montra jamais plus grand qu’au moment où un peuple d’ignorans et d’ingrats blâmaient hautement sa conduite[1]. Si l’âme de Valentinien eût été susceptible de quelques sentimens généreux, il aurait pris ce brave général pour exemple et pour guide :

    blés tous les principaux témoignages, soit authentiques soit apocryphes, et le lecteur les discernera facilement.

  1. Sirmond (Not. ad Sidon. Apollin., p. 19) a publié un passage curieux tiré de la Chronique de Prosper : Attila, redintegratis viribus, quas in Galliâ amiserat, Italiam ingredi per Pannonias intendit, nihit duce nostro Ætio secundùm prioris belli opera prospiciente, etc. Il reproche à Ætius d’avoir négligé la garde des Alpes, et d’avoir eu le dessein d’abandonner l’Italie ; mais cette accusation hasardée est au moins contrebalancée par les témoignages favorables d’Isidore et d’Idatius.