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l’avarice succédèrent à ceux du besoin. Les insulaires, qui depuis Grado jusqu’à Chiozza étaient unis par les liens de la plus étroite alliance, pénétrèrent dans le cœur de l’Italie par la navigation pénible, mais peu dangereuse, des canaux et des rivières. Leurs vaisseaux, dont ils augmentaient continuellement le nombre et la grandeur, visitaient tous les ports du golfe ; et Venise a contracté dès son enfance le mariage qu’elle célèbre tous les ans avec la mer Adriatique. Cassiodore, préfet du prétoire, adresse son épître aux tribuns maritimes, et les exhorte avec douceur, mais d’un ton d’autorité à exciter, dans leurs compatriotes le zèle du service public. On avait alors besoin de leur secours pour transporter les magasins de vin et d’huile de la province d’Istrie dans la ville de Ravenne. Ces tribuns maritimes paraissent avoir réuni plusieurs attributions, ainsi qu’on en peut juger par une tradition qui nous apprend que dans les douze îles principales le peuple élisait tous les ans douze juges ou tribuns. La domination des rois goths de l’Italie, sur la république de Venise, est constatée par la même autorité qui anéantit ses prétentions à une indépendance originaire et perpétuelle[1].

  1. Voyez dans le second volume d’Amelot de la Houssaie, Histoire du gouvernement de Venise, une traduction du fameux Squittenio. Ce livre, qu’on a beaucoup trop vanté, trahit à chaque ligne le manque de sincérité et la malveillance de l’esprit de parti ; mais on y trouve rassem-