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vengeance, Attila continua sa marche ; Altinum, Padoue et Concordia, qui se trouvaient sur son passage, ne présentèrent bientôt plus que des monceaux de pierres et de cendres. Vicence, Vérone et Bergame, villes de l’intérieur, eurent tout à souffrir de l’avide cruauté des Huns. Pavie et Milan se soumirent sans résistance à la perte de leurs richesses, et rendirent grâce à la clémence inaccoutumée qui épargnait et les bâtimens et la vie des citoyens captifs. Les traditions populaires de Côme, Turin et Modène, paraissent suspectes ; mais elles concourent, avec des autorités plus authentiques, à prouver qu’Attila étendit ses ravages jusque dans les riches plaines de la Lombardie, qui sont séparées par le , et bornées par les Alpes et l’Apennin[1]. En entrant dans le palais de Milan, le monarque barbare aperçut avec surprise et avec indignation un tableau qui représentait les empereurs des Romains assis sur leur trône, et les princes de Scythie prosternés à leurs pieds. La vengeance qu’il prit de ce monument de la vanité romaine, fut à la fois douce et ingénieuse. Il fit venir un peintre, lui ordonna de changer les figures et les attitudes, et de peindre sur la même

    fois le nom d’Aquilée au Forum Julii, Cividad del Friuli, la capitale plus moderne de la province vénitienne.

  1. Dans le récit de cette guerre d’Attila, si fameuse et si imparfaitement connue, j’ai pris pour guides deux savans italiens qui ont traité ce sujet avec quelques avantages particuliers, Sigonius (De imperio occidentali, l. XIII, dans ses ouvrages, t. I, p. 495-502) et Muratori, Annal. d’Italia, t. IV, p. 229, 236, édit. in-8o.