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battants et foulé aux pieds des chevaux de sa propre cavalerie ; et sa mort servit à justifier l’oracle ambigu des aruspices. Attila s’enorgueillissait déjà des espérances de la victoire, lorsque le vaillant Torismond descendit des hauteurs, et vérifia le reste de la prédiction. Les Visigoths, qui avaient été mis en désordre par la fuite, reprirent peu à peu leur ordre de bataille ; et les Huns furent inévitablement vaincus, puisque Attila fut forcé de faire retraite. Il s’était exposé avec la témérité d’un soldat ; mais les intrépides Barbares qui composaient son corps de bataille s’étaient avancés fort loin du reste de la ligne ; cette attaque, faiblement soutenue par leurs confédérés, mit leurs flancs à découvert. L’approche de la nuit sauva seule d’une défaite totale les conquérans de la Scythie et de la Germanie. Ils se retirèrent derrière le rempart de chariots qui composait les fortifications de leur camp. La cavalerie mit pied à terre et se prépara à un genre de combat qui ne convenait ni à ses armes, ni à ses habitudes. L’événement était incertain ; mais Attila s’était réservé une dernière et honorable ressource. Il fit faire une pile des selles et des riches harnois des chevaux, et l’intrépide Barbare résolut, si son camp était forcé, d’y mettre le feu, de s’y précipiter, et de priver les ennemis de la gloire d’avoir Attila dans leur puissance durant sa vie ou après sa mort[1].

  1. Le comte du Buat, Hist. des peup., etc. t. VII, p. 554-573, s’en rapportant toujours au faux Idatius, et rejetant toujours le véritable, a prétendu qu’Attila avait été défait