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Orléans, et livrer bataille à la multitude formidable qui environnait Attila[1].

Attila se retire dans les plaines de la Champagne.

À leur arrivée, le roi des Huns leva le siège et fit sonner la retraite pour rappeler la plus grande partie de ses troupes, occupées alors au pillage d’une ville voisine dans laquelle elles venaient d’entrer[2]. Attila, dont la valeur était toujours guidée par la prudence, sentit ce qu’il aurait à craindre s’il essuyait une défaite au cœur de la Gaule. Il repassa la Seine et attendit l’ennemi dans les plaines de Châlons, où sa nombreuse cavalerie pouvait manœuvrer avec avantage ; mais dans sa retraite précipitée, l’avant-garde des Romains et de leurs alliés pressait et attaquait fréquemment les troupes qui formaient l’arrière-garde d’Attila. Dans l’obscurité de la nuit et dans des chemins inconnus, des colonnes enne-

  1. Jornandès, c. 36, 664, édit. Grot., t. II, p. 23 des Historiens de France, et les Notes de l’éditeur bénédictin donnent le détail de l’armée d’Ætius. Les Læti étaient une race mêlée de Barbares nés ou naturalisés dans la Gaule, les Ripaires ou Ripuaires tiraient leur nom du lieu de leur résidence sur les bords des trois rivières, le Rhin, la Meuse et la Moselle ; les Armoricains occupaient les villes indépendantes entre la Seine et la Loire. Il y avait une colonie de Saxons dans le diocèse de Bayeux ; les Bourguignons habitaient la Savoie, et les Bréones étaient une tribu belliqueuse des Rhétiens, à l’orient du lac de Constance.
  2. Aurelianensis urbis obsidio, oppugnatio, irruptio, nec direptio, l. V ; Sidon. Apollinar. (l. VIII, epist. 15, p. 246.) Il était facile de convertir la délivrance d’Orléans en un miracle obtenu et prédit par le pieux évêque.