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des Romains, il était prêt à exposer sa vie et ses états pour la défense de la Gaule[1]. Les Visigoths, alors au plus haut point de leur puissance et de leur renommée, obéirent avec joie au premier signal de guerre, préparèrent leurs chevaux et leurs armes, et s’assemblèrent sous l’étendard de leur vieux monarque, qui résolut de commander lui-même son armée avec les deux aînés de ses fils, Torismond et Théodoric. L’exemple des Goths détermina des tribus et des nations qui balançaient encore entre les Huns et les Romains. L’infatigable Ætius rassembla peu à peu les guerriers de la Gaule et de la Germanie, qui, après s’être long-temps reconnus les sujets et les soldats de la république, prétendaient au rang d’alliés indépendans, et réclamaient les récompenses dues à un service volontaire. Les Læti, les Armoricains, les Bréones, les Saxons, les Bourguignons, les Sarmates ou Alains, les Ripuaires, et les Francs qui obéissaient à Mérovée : telle était la composition de l’armée qui, sous la conduite d’Ætius et de Théodoric, s’avançait à marches pressées pour délivrer

  1. Le Panégyrique d’Avitus et le trente sixième chapitre de Jornandès donnent une idée imparfaite de la politique d’Attila, d’Ætius et des Visigoths. Le poète et l’historien se laissent entraîner l’un et l’autre par leurs préjugés personnels et nationaux. Le premier relève le mérite d’Avitus : Orbis, Avite, salus ! etc. ; et l’autre s’attache à présenter la conduite des Goths dans le jour le plus avantageux ; cependant, en les interprétant avec exactitude, on trouve dans leur accord une preuve de leur véracité.