Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à Lyon, il apprit que les Visigoths refusaient d’entreprendre la défense de la Gaule, et qu’ils étaient résolus d’attendre sur leur territoire l’ennemi redoutable qu’ils affectaient de mépriser. Atterré par cette nouvelle, le général romain eut recours au sénateur Avitus qui, après avoir exercé honorablement l’office de préfet du prétoire, s’était retiré dans ses domaines en Auvergne. Le ministre consentit à se charger d’une ambassade à la cour de Toulouse, et l’exécuta avec habileté et avec succès. Il représenta à Théodoric qu’on ne pouvait résister au conquérant ambitieux qui voulait tout envahir, que par une alliance solide et sincère de toutes les puissances qu’il s’efforçait d’accabler. Avitus anima le ressentiment des Goths par la description de tous les maux que les Huns avaient fait souffrir à leurs ancêtres, et de la fureur avec laquelle ils les poursuivaient depuis le Danube jusqu’au pied des Pyrénées ; il leur représenta fortement que le devoir de tous les chrétiens était de contribuer à sauver de leurs violences sacrilèges les églises et les reliques des saints ; qu’il était de l’intérêt personnel de tous les Barbares fixés dans la Gaule de défendre contre les pâtres de la Scythie, les terres et les vignes cultivées pour leur usage. Théodoric se rendit à l’évidence de la vérité, adopta les mesures les plus sages et les plus honorables, et déclara que comme le fidèle allié d’Ætius et

    Robur, in auxiliis geticum male credulus agmen
    Incassum propriis præsumens adfore castris.

        Panegyr. Avit., 328, etc.