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occupait alors. Des bords de la Moselle Attila s’avança dans le cœur de la Gaule, passa la Seine à Auxerre, et après une longue et pénible marche, plaça son camp sous les murs d’Orléans. Il voulait assurer ses conquêtes par la possession d’un poste avantageux, qui le rendît maître du passage de la Loire ; et il se fiait à l’invitation de Sangiban, roi des Alains, qui lui avait promis de trahir les Romains, de lui livrer la ville et de passer sous ses drapeaux ; mais cette conspiration fut découverte et déjouée. Les fortifications d’Orléans étaient nouvellement réparées et augmentées ; les soldats ou les citoyens qui défendaient la place, repoussèrent courageusement tous les assauts des Barbares. L’évêque Anianus, prélat d’une haute piété et d’une prudence consommée, employa toutes les ressources de la politique religieuse, pour soutenir le courage des habitans jusqu’à l’arrivée du secours qu’il attendait. Après un siège opiniâtre, les béliers commencèrent à ébranler les murs ; les Huns occupaient déjà les faubourgs, et ceux qui n’étaient pas en état de porter les armes étaient prosternés dans les églises. Anianus, qui comptait les jours et les heures, envoya sur le rempart un homme de confiance examiner s’il n’apercevait rien dans l’éloignement. Le messager revint deux fois sans lui rapporter la moindre espérance ; mais à la troisième il déclara qu’il avait cru entrevoir un faible nuage à l’extrémité de l’horizon. C’est le secours envoyé de Dieu s’écria le prélat du ton d’une pieuse confiance ; et le peuple répéta après lui :