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he de sept ou huit cents milles, ils arrivèrent au confluent du Rhin et du Necker, où ils furent joints par ceux des Francs qui obéissaient à son allié le fils aîné de Clodion. Une troupe légère de Barbares conduite par l’espoir du butin, aurait peut-être préféré l’hiver, afin de pouvoir traverser le fleuve sur la glace ; mais l’innombrable cavalerie des Huns exigeait des fourrages et des provisions qu’il eût été impossible de se procurer dans cette saison. On trouva dans la forêt Hercynienne les bois nécessaires pour construire un pont de bateaux ; et cette multitude d’ennemis se précipita avec une violence irrésistible sur les provinces de la Belgique[1]. La consternation fut universelle dans la Gaule ; et la tradition qui nous a transmis l’histoire de ses malheurs, n’a point oublié les miracles et les martyrs dont furent honorées plusieurs de ses villes[2]. Troyes dut

  1. On trouve dans Jornandès le récit le plus authentique et le mieux détaillé que nous ayons de cette guerre, De rebus geticis, c. 36-41, p. 662-672. Il a quelquefois abrégé et quelquefois transcrit littéralement l’Histoire de Cassiodore. Nous dirons, une fois pour toutes, que saint Grégoire de Tours (l. II, c. 5, 6, 7), les Chroniques d’Idatius, d’Isidore et des deux Prosper, peuvent servir à corriger et à éclaircir Jornandès. Toutes les anciennes autorités sont rassemblées et insérées dans les historiens de France ; mais le lecteur doit être en garde contre un extrait supposé de la Chronique d’Idatius, placé parmi les fragmens de Frédégaire, t. II, p. 462, qui contredit souvent le véritable texte de l’évêque gaulois.
  2. Les anciens légendaires méritent quelque considé-