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éveillèrent son amour pour Honoria. Son entrée dans la Gaule fut précédée d’une déclaration formelle par laquelle il demandait la main de la princesse et la part égale à laquelle elle avait droit de prétendre dans le patrimoine impérial. Ses prédécesseurs, les anciens Tanjoux, avaient souvent demandé, avec la même arrogance, les princesses de la Chine, et les prétentions d’Attila ne parurent pas moins offensantes à l’empereur des Romains. Ses ambassadeurs reçurent un refus ferme, quoique sans hauteur. Malgré les exemples récens de Pulchérie et de Placidie, on déclara que les femmes n’avaient aucun droit à la succession de l’empire ; et à la demande de la princesse on opposa ses engagemens indissolubles[1]. Dès le moment où l’on avait eu connaissance de sa correspondance avec le roi des Huns, la coupable Honoria avait été enlevée de Constantinople comme un objet d’horreur, et reléguée au fond de l’Italie ; on épargna sa vie, mais aussitôt après la cérémonie par laquelle on donna à quelque particulier obscur le titre de son époux, on l’enferma dans une prison perpétuelle, pour y pleurer des crimes et des infortunes auxquelles Honoria aurait peut-être échappé, si elle n’eût pas été la fille d’un empereur[2].

  1. Voyez Priscus, p. 39, 40. On pouvait alléguer avec raison que si les femmes avaient eu des prétentions au trône, Valentinien, qui avait épousé la fille et l’héritière de Théodose le jeune, aurait réclamé ses droits sur l’empire d’Orient.
  2. Jornandès (De Success. regn., c. 97, et De reb. getic.,