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d’Attila ; et le roi des Huns accepta avec plaisir une alliance qui lui facilitait le passage du Rhin, et fournissait un prétexte honorable à l’invasion qu’il projetait de faire dans la Gaule[1].

Aventures de la princesse Honoria.

Lorsque Attila annonça publiquement la résolution de secourir les Francs et les Vandales, ce héros sauvage, saisi comme d’une sorte d’ardeur chevaleresque, se déclara aussi l’amant et le défenseur de la princesse Honoria. La sœur de Valentinien avait été élevée dans le palais de Ravenne ; et comme le mari d’Honoria aurait pu donner de l’inquiétude à l’empire, on éleva la princesse au rang d’Augusta[2], pour anéantir l’espérance des sujets les plus présomptueux ; mais la belle Honoria avait à peine atteint l’âge de seize ans, qu’elle détesta la grandeur importune qui la privait pour toujours des douceurs d’un amour légitime. Au milieu d’une pompe vaine et insipide, Honoria soupirait, et cédant enfin à la voix de la nature, elle se jeta dans les bras d’Eugène son chambellan. Des signes de grossesse trahirent bientôt ce que, dans l’absurde langage d’un sexe impérieux,

  1. Sous la race Mérovingienne le trône était héréditaire ; mais tous les fils du monarque défunt étaient autorisés également à partager ses trésors et ses états. Voyez les Dissertations de M. de Foncemagne dans les sixième et huitième volumes des Mém. de l’Académie.
  2. Il existe encore une médaille de la belle Honoria ; elle porte le titre d’Augusta, et sur le revers on lit la légende assez déplacée de salus reipublicæ, autour du monogramme du Christ. Voyez Ducange, Fam. byzant., p. 67-73.