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et probablement par les entreprises de ses sujets, tout ce que l’avarice et la cruauté peuvent inspirer à des vainqueurs. Cologne eut le malheur de rester sous la puissance de ces Barbares, qui évacuèrent les ruines de Trèves ; et Trèves, qui durant l’espace de quarante ans avait été quatre fois prise et pillée, cherchait encore à oublier ses anciennes calamités dans les vains amusemens du Cirque[1]. Après un règne de vingt ans, la mort de Clodion livra son royaume aux querelles de deux fils ambitieux[2]. Mérovée, le plus jeune, se laissa persuader d’implorer la protection de Rome. Valentinien le reçut comme son allié et le fils adoptif du patrice Ætius ; il le renvoya dans son pays avec des présens magnifiques et les plus fortes assurances de secours et d’amitié. Tandis qu’il était absent, son aîné avait sollicité avec une ardeur égale les redoutables secours

  1. Salvien (De gubern. Dei, l. VI) a raconté en style vague et déclamatoire les calamités de ces trois villes, qui sont clairement constatées par le savant Mascou, Hist. des anciens Germains, IX, 21.
  2. Priscus, en racontant la contestation, ne nomme pas les deux frères dont il avait vu un à Rome, et qu’il dépeint comme un adolescent, sans barbe et avec de longs cheveux flottans. Historiens de France, t. I, p. 607, 608. Les éditeurs Bénédictins penchent à croire qu’ils étaient les fils de quelque roi inconnu des Francs, dont le royaume était situé sur les bords du Necker ; mais les argumens de M. de Foncemagne (Mém. de l’Acad., t. VIII, p. 464) semblent prouver que les deux fils de Clodion disputèrent sa succession, et que le plus jeune était Mérovée, père de Childéric.