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rudesse de leurs mœurs nationales[1]. Les deux filles du roi des Goths épousèrent les fils aînés du roi des Suèves et de celui des Vandales, qui régnaient en Espagne et en Afrique : mais ces alliances illustres produisirent le crime et la discorde. La reine des Suèves pleura son mari assassiné par son frère, et la princesse des Vandales éprouva le traitement le plus odieux de la part du tyran inquiet qu’elle avait adopté pour père. Le barbare Genseric soupçonna la femme de son fils, du dessein de l’empoisonner. En punition de ce crime supposé on lui coupa le nez et les oreilles ; la fille infortunée de Théodoric, ignominieusement renvoyée à Toulouse, vint offrir à la cour de son père cet affreux spectacle. Un siècle civilisé ne doit qu’avec peine ajouter foi à cette horrible barbarie. Tous ceux qui virent la princesse versèrent des larmes sur son sort ; mais Théodoric éprouvant à la fois la douleur d’un père et l’indignation d’un monarque, résolut de tirer vengeance de cette injure irréparable. Les ministres impériaux, intéressés à fomenter les discordes des Barbares, auraient fourni au roi des Goths de l’or, des armes et des vaisseaux pour porter la guerre en Afrique ; et la cruauté de Genseric lui serait peut-être devenue

  1. Théodoric II révérait dans Avitus son ancien précepteur.

    … Mihi Romula dudum
    Per te jura placent ; parvumque ediscere jussit
    Ad tua verba pater docili quo priscu Maronis
    Carmine molliret Scythicos mihi pagina mores.

        Sidon., Panegyr. Avit. 495, etc.