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dans un pays dont les finances et le courage étaient épuisés depuis long-temps, pouvait difficilement se réparer ; et les Goths, animés par l’ambition et par la vengeance, auraient planté leurs étendards victorieux sur les bords du Rhône, si le retour d’Ætius n’eût pas rendu aux Romains leurs forces et leur discipline[1]. Les deux armées attendaient le signal d’une action décisive ; mais les généraux, qui se craignaient réciproquement, remirent prudemment leur épée dans le fourreau sur le champ de bataille, et leur réconciliation fut sincère et durable. Il paraît que Théodoric, roi des Visigoths, mérita l’amour de ses sujets, la confiance de ses alliés et l’estime universelle. Six fils, tous valeureux, environnaient son trône. Leur éducation n’avait pas été bornée aux exercices d’un camp barbare ; les fils de Théodoric s’instruisirent dans les écoles de la Gaule ; l’étude de la jurisprudence romaine leur enseigna au moins la théorie des lois et de la justice, et la lecture de l’harmonieux Virgile contribua sans doute à adoucir la

    les malheurs qui assiégent l’homme vertueux sont des épreuves.

  1. … Capto terrarum damna patebant
    Litorio, in Rhodanum proprios producere fines,
    Theudoridæ fixum ; nec erat pugnare necesse,
    Sed migrare Getis ; rabidam trux asperat iram
    Victor ; quòd sensit Scythicum sub mœnibus hostem
    Imputat, et nihil est gravius, si forsitan unquam
    Vincere contingat, trepido…

        Panegyr. Avit. 300, etc.
    Sidonius ensuite, selon le devoir d’un panégyriste, attribue tout le mérite d’Ætius à son ministre Avitus.