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l’évidente intelligence des ennemis de Rome menaçait de toutes parts sa sûreté. L’activité d’Ætius et sa cavalerie scythe surent leur opposer une résistance couronnée par le succès. Vingt mille Bourguignons périrent les armes à la main, et le reste de cette nation accepta humblement un asile dans les montagnes de la Savoie, où ils reconnurent l’autorité de l’empire[1]. Les machines de guerre avaient déjà ébranlé les murs de Narbonne, et les habitans étaient réduits par la famine aux dernières extrémités, lorsque le comte Litorius, approchant en silence avec un corps nombreux de cavalerie, dont chaque homme portait deux sacs de farine sur son cheval, pénétra dans la ville à travers les retranchemens des ennemis. Les Goths levèrent le siége, et perdirent huit mille hommes dans une bataille, dont le succès décisif fut attribué aux dispositions et à l’habileté personnelle d’Ætius ; mais dans l’absence du patrice que quelque affaire publique ou particulière rappela précipitamment en Italie, le comte Litorius succéda au commandement, et sa présomption fit bientôt sentir qu’il ne suffit pas de savoir conduire un corps de cavalerie

  1. On trouve, pour la première fois dans Ammien-Marcellin, le nom de Sabaudia, dont celui de Savoie est dérivé ; et la Notitia constate l’existence de deux postes militaires dans cette province. Une cohorte était placée à Grenoble en Dauphiné ; et il y avait à Ebredunum ou Iverdun, une flotte de petits vaisseaux qui défendaient le lac de Neufchâtel. Voyez Valois, Notit. Galliarum, p. 503 ; d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 284-579.