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présens mutuels et par de fréquentes ambassades. Carpilio, fils d’Ætius, fut élevé dans le camp d’Attila. Le patrice cherchait, par des protestations d’attachement et de reconnaissance, à déguiser ses craintes à un conquérant dont les armées formidables menaçaient les deux empires. Il satisfaisait à ses demandes ou tâchait de les éluder. Lorsqu’il réclama les dépouilles d’une ville prise d’assaut, quelques vases d’or frauduleusement détournés, les gouverneurs de la Norique partirent aussitôt pour lui donner satisfaction[1] ; et il est évident, d’après leur conversation avec Maximin et Priscus, dans le village royal, que la prudence et la valeur d’Ætius n’avaient pu éviter aux Romains de l’Occident la honte du tribut. Sa politique adroite prolongeait les avantages d’une paix nécessaire ; et il employait à la défense de la Gaule une nombreuse armée de Huns et d’Alains, qui lui étaient personnellement attachés. Il avait judicieusement placé deux colonies de ces Barbares sur les territoires de Valence et d’Orléans[2], et

  1. L’ambassade était composée du comte Romulus, de Promotus, président de la Norique, et de Romanus, duc militaire ; ils étaient accompagnés de Tatullus, illustre citoyen de Petovio, dans la même province, et père d’Oreste, qui avait épousé la fille du comte Romulus. Voyez Priscus, p. 57, 65. Cassiodore (Variar., I, 4) fait mention d’une autre ambassade, composée de son père et de Carpilio, fils d’Ætius ; et comme Attila n’existait plus, il pouvait exagérer impunément l’intrépidité de leur conduite en présence du roi des Huns.
  2. Deserta Valentinæ urbis rura Alanis partienda tra-