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prudemment retiré dans le camp des Huns, et fut redevable à leur amitié de sa sûreté et de son rétablissement. Au lieu d’employer le langage suppliant d’un exilé coupable, Ætius sollicita son pardon à la tête de soixante mille Barbares ; et la facile résistance de Placidie prouva qu’elle accordait à la crainte un pardon qu’on aurait pu attribuer à sa clémence. L’impératrice se mit, elle, son fils et l’empire, sous la tutelle d’un sujet arrogant, et ne conserva pas même assez d’autorité pour protéger le gendre de Boniface, le fidèle et vertueux Sébastien, contre un ennemi implacable, dont la vengeance le poursuivit de royaume en royaume[1] jusqu’au moment où il perdit misérablement la vie au service des Vandales. L’heureux Ætius, élevé aussitôt au rang de patrice et revêtu trois fois des honneurs du consulat, prit le titre de maître général de la cavalerie et de l’infanterie, et s’empara de toute l’autorité militaire. Les écrivains de son temps le nomment quelquefois duc ou général des Romains de l’Occident. Ce ne fut

  1. Victor Vitensis (De persecut. Vandal., l. I, c. 6, p. 8, édit. Ruinart) le nomme acer consilio et strenuus in bello. Mais quand il tomba dans l’infortune son courage ne fut plus considéré que comme l’aveuglement du désespoir, et Sébastien fut surnommé præceps. Sidon. Apollin., Carmen. IX, 181. Les Chroniques d’Idatius et de Marcellin font une légère mention de ses aventures à Constantinople, dans la Sicile, la Gaule, l’Espagne et l’Afrique. Il était toujours accompagné dans sa fuite d’une troupe nombreuse, puisqu’il ravagea l’Hellespont et la Propontide, et s’empara de la ville de Barcelone.