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risque de passer pour un menteur. » Trois jours après, les ambassadeurs reçurent leur congé. On accorda à leurs pressantes sollicitations la liberté de plusieurs captifs pour une rançon modérée ; et outre les présens que les ministres impériaux reçurent du roi, chacun des nobles leur fit, avec la permission d’Attila, l’utile et honorable don d’un excellent cheval. Maximin retourna par la même route à Constantinople ; et quoiqu’il se fût trouvé par hasard engagé dans une querelle avec Beric, le nouvel ambassadeur d’Attila, il se flatta d’avoir contribué, par ce long et pénible voyage, à confirmer la paix et l’alliance entre les deux nations[1].

Mais l’ambassadeur romain ignorait le dessein perfide qu’on avait couvert du masque de la foi publique. La surprise et la satisfaction qu’Édecon fit paraître en contemplant la splendeur de Constantinople, encouragèrent Vigilius à lui procurer une entrevue avec l’eunuque Chrysaphius[2], qui gou-

  1. On trouve dans Priscus (p. 49-70) le récit curieux de cette ambassade, qui exigeait peu d’observations, et dont aucun autre que lui n’a pu rendre compte. Je ne me suis pas astreint au même ordre, et j’ai commencé par extraire les circonstances historiques qui étaient moins intimement liées avec le voyage et avec les affaires politiques des ambassadeurs romains.
  2. M. de Tillemont a donné l’énumération des chambellans qui régnèrent successivement sous le nom de Théodose. Chrysaphius fut le dernier, et, selon les témoignages unanimes de l’histoire, le plus pervers de ses favoris. (Voy. Hist. des emper., t. VI, p. 117-119 ; Mém. eccl., t. XV,