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qu’il ne voulait pas s’abaisser à combattre des esclaves fugitifs, « Où est la forteresse, ajouta le fougueux Attila, où est la ville dans tout l’Empire romain, qui puisse prétendre à subsister, qui puisse se regarder comme sûre et imprenable, lorsqu’il nous plaira qu’elle disparaisse de dessus la terre ? » Il renvoya cependant l’interprète, qui retourna précipitamment à Constantinople annoncer de la part d’Attila, la demande absolue d’une restitution complète et d’une ambassade plus brillante. La colère du roi des Huns s’apaisa peu à peu, et les plaisirs de son nouveau mariage avec la fille d’Eslam, qu’il avait célébré dans sa route, contribuèrent peut-être à adoucir la violence de son caractère. Son entrée dans le village royal fut précédée d’une cérémonie assez extraordinaire. Une nombreuse troupe de femmes allèrent au-devant du monarque et du héros des Huns, et marchèrent devant lui rangées sur de longues files. L’intervalle des files était rempli de voiles blancs et de toiles fines, soutenus des deux côtés par ces femmes, qui les tenaient fort élevés, et formaient ainsi une espèce de dais, sous lequel un chœur de jeunes vierges chantait des hymnes et des chansons dans le langage des Scythes. La femme de son favori Onegesius, accompagnée des femmes de sa suite, vint le saluer à la porte de sa maison, qui se trouvait sur le chemin du palais, et lui offrit son respectueux hommage, selon la coutume du pays, en priant Attila de goûter le vin et la viande qu’elle avait préparés pour le recevoir. Dès que le monar-