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fusément épars, des plats, des coupes, des vases d’or et d’argent, travaillés par la main des artistes grecs. Le seul Attila mettait son orgueil à imiter la simplicité de ses ancêtres[1]. Son habit, ses armes, les harnois de ses chevaux étaient unis, sans ornemens, et d’une seule couleur. On ne voyait sur sa table que des coupes et des plats de bois, la chair était sa seule nourriture ; et le luxe du conquérant du Nord ne s’éleva jamais jusqu’à l’usage du pain.

Conduite d’Attila vis-à-vis des ambassadeurs romains.

Lorsque Attila donna audience aux ambassadeurs romains sur les bords du Danube, sa tente était environnée d’une garde formidable. Le monarque était assis sur une chaise de bois. Son maintien sévère, ses gestes d’impatience et sa voix menaçante, étonnèrent la fermeté de Maximin : mais Vigilius eut bientôt des motifs plus réels de trembler, lorsqu’il entendit le roi des Huns dire d’un ton de colère, que s’il ne respectait pas les lois des nations, il ferait clouer à une croix le perfide interprète, et livrerait son corps aux vautours. Le monarque barbare prouva, par une liste exacte, l’audacieux mensonge de Vigilius, qui prétendait n’avoir pu trouver que dix-sept déserteurs, et déclara, avec arrogance, qu’il méprisait les efforts impuissans des traîtres auxquels Théodose avait confié la défense de ses provinces, mais

  1. Lorsque les Mongoux déployèrent les dépouilles de l’Asie dans la diète de Toncal, le trône de Gengis-Khan était encore couvert du tapis de laine noire sur lequel il s’était assis lorsque ses braves compatriotes l’avaient élevé au commandement. Voyez la Vie de Gengis-Khan, l. IV, c. 9.