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multitude des gens de suite et des esclaves, les uns actifs et industrieux, les autres inutiles, qui accompagnaient l’armée[1]. On n’y voyait d’autre édifice en pierre que les bains d’Onegesius, dont les matériaux étaient tirés de la Pannonie ; et comme on ne trouvait point dans les environs de bois propre à la charpente, nous pouvons présumer que les habitans de la classe inférieure construisaient leurs demeures de paille, de boue ou de treillis. Les maisons des Huns distingués étaient toutes de bois, et ornées avec une magnificence grossière en proportion du rang, de la fortune ou du goût des propriétaires. Il paraît qu’elles étaient disposées dans un certain ordre, et censées plus ou moins honorables, selon qu’elles approchaient plus ou moins de la demeure du monarque. Le palais d’Attila, construit en bois, et fort supérieur à tous les autres bâtimens du village, couvrait une vaste étendue de terrain. Le mur ou enceinte extérieure consistait en une palissade faite de bois uni et carré, entremêlé de hautes tourelles moins propres à la défense qu’à servir d’ornement.

  1. Le village royal d’Attila peut se comparer à la ville de Karacorum, la résidence des successeurs de Gengis-Khan. Quoiqu’il paraisse que Karacorum ait été une habitation plus stable, elle n’égalait ni en grandeur ni en beauté la ville et l’abbaye de Saint-Denis dans le treizième siècle. (Voy. Rubruquis, dans l’Hist. générale des Voyages, t. VII, p. 286.) Le camp d’Aurengzeb, tel que Bernier le dépeint si agréablement (t. II, p. 217-235), offrait un mélange des mœurs de la Scythie et de la magnificence de l’Indostan.