Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien cette prétention était contraire à l’usage constant des nations, il apprit avec la plus grande surprise qu’un traître avait déjà communiqué à l’ennemi les résolutions du conseil sacré ; ces secrets, dit Priscus, qu’on ne devrait pas révéler même aux dieux. Sur son refus de traiter d’une manière si honteuse, on lui commanda de repartir à l’instant. L’ordre fut révoqué et répété une seconde fois ; les Huns essayèrent encore de vaincre la patience et la fermeté de Maximin ; enfin, par l’entremise de Scotta, frère d’Onegesius, dont on avait obtenu la faveur à force de présens, l’ambassadeur de Théodose obtint une audience d’Attila ; mais au lieu de lui donner une réponse décisive, on lui fit entreprendre un long voyage vers le Nord, pour procurer au roi des Huns l’orgueilleuse satisfaction de recevoir dans le même camp les ambassadeurs des empires d’Orient et d’Occident. Des guides dirigeaient sa marche et l’obligeaient de la hâter, de la déranger ou de l’arrêter, conformément à celle qu’il plaisait au monarque de tenir. Les Romains, en parcourant les plaines de la Hongrie, crurent avoir traversé, soit sur des canots, soit sur des bateaux portatifs, plusieurs rivières navigables ; mais il y a lieu de présumer que le cours tortueux du Tibiscus ou la Theiss se présenta plusieurs fois devant eux sous différens noms. Les villages voisins leur fournissaient abondamment des provisions, de l’hydromel au lieu de vin, du millet en guise de pain, et une certaine liqueur nommée camus, qui, au rapport de Priscus, se tirait de l’orge